Je vais vous narrer aujourd'hui mon exaltante sortie parisienne de jeudi!
Tout avait plutôt bien commencé, pour une fois, personne n'était inopinément absent, tout le monde était à l'heure, j'avais eu la bonne idée de former des binomes: un lecteur-écrivain avec un non lecteur, tout fonctionnait à merveille. Nous avons passé une excellente journée au musée Guimet, beaucoup moins pénible pour moi que pour mes collègues grâce à ce système de binômes, nous avons pique niqué au soleil dans les jardins voisins du musée de la mode, tout allait super bien! Il faut maintenant que je vous parle de Sylvain!
Sylvain est un jeune homme d'un âge mental que je situerai autour de 10-12 ans.
Il vit avec une compagne handicapée elle aussi, mais plus handicapée physique que mentale.
Habituellement, sa compagne Christiane est conviée aux sorties, mais jeudi, elle était malade.
Donc nous avons tous veillé sur Sylvain, d'une part pour qu'il ne s'isole pas trop (il a cette tendance à s'isoler) et surtout pour qu'il ne disparaisse pas de notre paysage, convaincu qu'il est de l'inutilité de rester en groupe.
Donc de ce côté là, tout roulait parfaitement aussi.
Jusqu'à ce que nous partions.
Premier grain de sable dans le rouage : le timing non respecté: tout le monde (35 personnes, soit 3 groupes) avait rendez vous à 3h-15, il a fallu attendre 3h15 pour récupérer tout le monde.
Nous donnons donc à chaque personne son ticket de train-métro, et nous voilà nous engouffrant dans la station.
Deuxième grain de sable: Une élève de Marie Jo ma collègue se fait harponner par 3 controleuses dénuées apparemment de tout sens de l'humour!
Nous voilà, Marie Jo et moi, sans même savoir ce qu'il s'est passé, défendre la cause de cette dame, vous comprenez, elle ne maitrise pas notre langue, elle ne sort jamais, pas l'habitude, etc...
et une controleuse de nous répondre: elle la maitrise tout de même suffisemment pour dire à sa copine: je passe avec toi et je garde mon ticket!
Indéfendable!!!!! 50 euros d'amande que la dame a mis un temps fou à régler, vu qu'elle essayait de négocier à 40 euros!!!!
D'où retard encore sur le timing.
Or, il était impératif pour nous de ne pas louper le train de 15h50, vu qu'on s'était engagées à ce que les mamans soient à l'heure pour récupérer les enfants à la sortie de l'école.
Nous arrivons, après avoir connu le métro aux heures de pointe et avoir passé 10 minutes à brailler dans le dit métro: tu as vu Fatima? et quelqu'un a vu Sylvain? et Habiba, elle est où? nous arrivons donc gare de l'est, pour repérer immédiatement le quai et notre train dont sonne le départ. Course de volatiles vers le dernier wagon que 2 gars du groupe tiennent ouvert sous les yeux et les commentaires réprobateurs de 3 contrôleurs, mais chaque seconde à palabrer avec eux est une seconde permettant à une personne de plus de monter. Finalement, il n'y a plus personne sur le quai, nous relachons les portes et le train démarre.
Et immédiatement, je pâlis: quelqu'un a vu Sylvain?
Quelqu'un me répond que oui, on lui a dit de courir, mais il a répondu que non, il ne courrait pas, qu'il était fatigué.
Horreur!!!! Sylvain est resté gare de l'Est!!!
Mes collègues me rassurent, mais oui, il est capable de se débrouiller, arrête donc de materner tes élèves comme ça, c'est des adultes, etc.....
Je me laisse un peu endormir par toutes ces belles paroles, jusqu'à Meaux où je reçois un coup de fil de Christiane, la compagne de Sylvain
"Allô? tante Ginette? je voudrais juste savoir à quelle heure Sylvain arrive?"
Là je me suis sentie très mal, j'ai pris ma voix la plus naturelle pour lui dire qu'il avait loupé le train, mais que, bon, il va prendre le suivant....
Christiande fond en larmes "mais vous savez bien qu'il ne sait pas lire, qu'il ne sait pas se débrouiller, qu'il va prendre n'importe quel train, mon dieu, qu'est-ce qu'il va lui arriver?"
et là, je fais comme mes collègues pour moi, je la rassure, mais non, il sait se débrouiller, vous verrez, il va prendre le train suivant, etc...."
D'une voix mouillée de petite fille, elle me murmure "vous croyez?"
Et moi, mais oui, mais oui, rappelez moi dès qu'il arrive.
Elle raccroche, et là toute mon angoisse remonte à la surface, je sais qu'il ne sait pas lire, je sais qu'il est timide, je sais qu'il ne sait pas vraiment se débrouiller, mais qu'est ce que je peux faire, moi à Trilport, et lui, où?????
Et Titia qui m'appelle sur ses entrefaites et à qui je dis que j'en ai perdu un à Paris me demande: "pourquoi? tu ne l'aimais pas?"
J'avoue que mon sens de l'humour me fait défaut en cet instant précis, je me sens plus nulle que nulle de l'avoir perdu des yeux ne fusse qu'un instant!!! j'aurais dû voir qu'il ne suivait pas, j'aurais dû l'attendre, ça me renvoie à tellement d'autres j'aurais dû.... Je pleure comme une madeleine sous les yeux d'une Tootsie intérogative quand mon portable sonne:
"allô? tante Ginette, Sylvain est rentré!
Je hurle de joie: vous voyez!!!! c'est super, il a su se débrouiller tout seul, c'est une grande victoire pour lui, il faut beaucoup le féliciter!!!
vous croyez, tante Ginette?
Oui, j'en suis sûre, mais la prochaine fois, pas de sortie sans portable!!!!
D'accord! "
Et la voilà qui me remercie, moi qui ai été si minable dans cette histoire, elle me remercie au lieu de me maudire de la peur qu'elle a eue
La simplicité et la confiance des "petites gens" est un vrai beaume pour mon coeur.
Tout finit bien, mais je ne suis pas très fière de moi!!!
La prochaine fois, je vérifierai qu'il ait son portable branché avec lui, et je vais lui expliquer que notre sollicitude qui l'agace n'est pas un manque de confiance, mais juste une marque d'amour!!!!
voilà, j'ai été un peu longue, mais ma nuit suivante aussi!!!!!
Sylvain est un jeune homme d'un âge mental que je situerai autour de 10-12 ans.
Il vit avec une compagne handicapée elle aussi, mais plus handicapée physique que mentale.
Habituellement, sa compagne Christiane est conviée aux sorties, mais jeudi, elle était malade.
Donc nous avons tous veillé sur Sylvain, d'une part pour qu'il ne s'isole pas trop (il a cette tendance à s'isoler) et surtout pour qu'il ne disparaisse pas de notre paysage, convaincu qu'il est de l'inutilité de rester en groupe.
Donc de ce côté là, tout roulait parfaitement aussi.
Jusqu'à ce que nous partions.
Premier grain de sable dans le rouage : le timing non respecté: tout le monde (35 personnes, soit 3 groupes) avait rendez vous à 3h-15, il a fallu attendre 3h15 pour récupérer tout le monde.
Nous donnons donc à chaque personne son ticket de train-métro, et nous voilà nous engouffrant dans la station.
Deuxième grain de sable: Une élève de Marie Jo ma collègue se fait harponner par 3 controleuses dénuées apparemment de tout sens de l'humour!
Nous voilà, Marie Jo et moi, sans même savoir ce qu'il s'est passé, défendre la cause de cette dame, vous comprenez, elle ne maitrise pas notre langue, elle ne sort jamais, pas l'habitude, etc...
et une controleuse de nous répondre: elle la maitrise tout de même suffisemment pour dire à sa copine: je passe avec toi et je garde mon ticket!
Indéfendable!!!!! 50 euros d'amande que la dame a mis un temps fou à régler, vu qu'elle essayait de négocier à 40 euros!!!!
D'où retard encore sur le timing.
Or, il était impératif pour nous de ne pas louper le train de 15h50, vu qu'on s'était engagées à ce que les mamans soient à l'heure pour récupérer les enfants à la sortie de l'école.
Nous arrivons, après avoir connu le métro aux heures de pointe et avoir passé 10 minutes à brailler dans le dit métro: tu as vu Fatima? et quelqu'un a vu Sylvain? et Habiba, elle est où? nous arrivons donc gare de l'est, pour repérer immédiatement le quai et notre train dont sonne le départ. Course de volatiles vers le dernier wagon que 2 gars du groupe tiennent ouvert sous les yeux et les commentaires réprobateurs de 3 contrôleurs, mais chaque seconde à palabrer avec eux est une seconde permettant à une personne de plus de monter. Finalement, il n'y a plus personne sur le quai, nous relachons les portes et le train démarre.
Et immédiatement, je pâlis: quelqu'un a vu Sylvain?
Quelqu'un me répond que oui, on lui a dit de courir, mais il a répondu que non, il ne courrait pas, qu'il était fatigué.
Horreur!!!! Sylvain est resté gare de l'Est!!!
Mes collègues me rassurent, mais oui, il est capable de se débrouiller, arrête donc de materner tes élèves comme ça, c'est des adultes, etc.....
Je me laisse un peu endormir par toutes ces belles paroles, jusqu'à Meaux où je reçois un coup de fil de Christiane, la compagne de Sylvain
"Allô? tante Ginette? je voudrais juste savoir à quelle heure Sylvain arrive?"
Là je me suis sentie très mal, j'ai pris ma voix la plus naturelle pour lui dire qu'il avait loupé le train, mais que, bon, il va prendre le suivant....
Christiande fond en larmes "mais vous savez bien qu'il ne sait pas lire, qu'il ne sait pas se débrouiller, qu'il va prendre n'importe quel train, mon dieu, qu'est-ce qu'il va lui arriver?"
et là, je fais comme mes collègues pour moi, je la rassure, mais non, il sait se débrouiller, vous verrez, il va prendre le train suivant, etc...."
D'une voix mouillée de petite fille, elle me murmure "vous croyez?"
Et moi, mais oui, mais oui, rappelez moi dès qu'il arrive.
Elle raccroche, et là toute mon angoisse remonte à la surface, je sais qu'il ne sait pas lire, je sais qu'il est timide, je sais qu'il ne sait pas vraiment se débrouiller, mais qu'est ce que je peux faire, moi à Trilport, et lui, où?????
Et Titia qui m'appelle sur ses entrefaites et à qui je dis que j'en ai perdu un à Paris me demande: "pourquoi? tu ne l'aimais pas?"
J'avoue que mon sens de l'humour me fait défaut en cet instant précis, je me sens plus nulle que nulle de l'avoir perdu des yeux ne fusse qu'un instant!!! j'aurais dû voir qu'il ne suivait pas, j'aurais dû l'attendre, ça me renvoie à tellement d'autres j'aurais dû.... Je pleure comme une madeleine sous les yeux d'une Tootsie intérogative quand mon portable sonne:
"allô? tante Ginette, Sylvain est rentré!
Je hurle de joie: vous voyez!!!! c'est super, il a su se débrouiller tout seul, c'est une grande victoire pour lui, il faut beaucoup le féliciter!!!
vous croyez, tante Ginette?
Oui, j'en suis sûre, mais la prochaine fois, pas de sortie sans portable!!!!
D'accord! "
Et la voilà qui me remercie, moi qui ai été si minable dans cette histoire, elle me remercie au lieu de me maudire de la peur qu'elle a eue
La simplicité et la confiance des "petites gens" est un vrai beaume pour mon coeur.
Tout finit bien, mais je ne suis pas très fière de moi!!!
La prochaine fois, je vérifierai qu'il ait son portable branché avec lui, et je vais lui expliquer que notre sollicitude qui l'agace n'est pas un manque de confiance, mais juste une marque d'amour!!!!
voilà, j'ai été un peu longue, mais ma nuit suivante aussi!!!!!
