mardi 20 novembre 2012


 

Un samedi ordinaire à Marseille

 
Venant de ma campagne briarde, je viens passer quelques jours auprès de fille ainée et de mes adorables ados de petites filles. Nous avons prévu un samedi tranquille fille- mère, les filles étant, l’une à Toulon avec son papa, l’autre avec une copine, la troisième (l’ainée) ne devant nous rejoindre que pour le repas de midi.

Tout débute donc très zènement, le soleil est au rendez vous, nous déambulons tranquillement en papotant de tout et de rien.

Midi ! Nous avisons pour manger un snack nous tentant avec des filets de sole, et petite fille ainée nous rejoint. Le snack va s’avérer très décevant, absente l’amabilité des mets et des serveurs, notre tranquillité et zénitude commence à être un peu bousculée, mais nous rêvons encore à notre après midi mère-fille, aux boutiques que nous visiterons tranquillement, au thé que nous prendrons sur le vieux port… lorsqu’une voix enjouée nous sort de nos rêves : « Maman, maman, on va à Central 13, allez, maman, dit oui, allez…. » Au fond de la Brie, on ne connait pas Central 13. Les Halles d’Auchan, oui, mais pas central 13. Donc, pas méfiante, mamie, et ne comprenant pas non plus la réticence de mère indigne essayant de refuser, mamie insiste pour que l’on fasse plaisir à notre grande cigale !

Ah ! J’ai bien fait d’insister ! ça aurait manqué à ma culture générale !

Chemin faisant (pan ! pan !)nous passons devant une boutique de réparations et vente de portables. Comme le mien donne des signes de faiblesse, que celui d’Ophé a aussi un problème, nous entrons. Le vendeur va m’accorder 10 minutes d’attention, le temps que je lui explique que je voudrais un téléphone qui téléphone, et non, pas un tactile, j’avais quoi me demande le vendeur ? un « panama », ha ha, madame, celui là porte bien son nom, ha ha, plus nul vous aurez du mal à trouver, ha ha !

Bon, j’acquiers donc un petit Samsung  mais je vais remballer les 100 questions qui me viennent en tête, genre comment je change de sonnerie, est ce qu’il enregistre, est ce que je peux le mettre en vibreur…. des questions de mamie, quoi ! je ne pourrai rien dire car entre la fille et la mère débattant des mérites d’Apple et de Samsung, des prix et des technologies employées par les 2 marques, les vendeurs très à l’écoute de ces acheteuses potentielles, relèguent mamie et ses questions près de la porte ! en même temps, la vente d’une tablette Apple (700 euros) et d’un Samsung has been (50 euros) n’ont rien de comparable !

Ensuite, mamie et ses questions sans réponse suivent la jeunesse vers le fameux magasin central 13. Que dis-je un magasin ? Une boite de jeunes avec DJ à l’entrée et des décibels comme s’il en pleuvait !

Mamie se relègue sur un fauteuil (ils ont tout prévu !), son nouveau jouet à la main, essayant dans un boucan d’enfer de décrypter ce nouveau mystère technologique.

Mes yeux tombent sur des écrans télés qui diffusent des clips qui ne correspondent même pas à la musique que le DJ de service, casquette vissée à l’envers et pantalon sous ses fesses replètes, nous balance en hochant une tête que je soupçonne vide de Nietzsche ou de Spinoza,mais peut être que je me trompe !

Et, à l’aise comme un poisson dans son bocal, une Ophé va, vient, essaye, et ça ? et ça ?ça me va ? tu te rends compte ! Section d’assaut était là hier, et donnait des autographes, trop nul ! je le savais pas !....

Pour moi, ce nom évoque plus une manœuvre militaire qu’un groupe de rap, mais avec ce nouveau genre musical, rien ne m’étonne !

Un mal de tête m’attaque sournoisement et c’est insonorisée, vidée de toute pensé cohérente, avec de violentes céphalées que je vais continuer mon périple marseillais. Grande Ophé, heureuse mais ayant très raisonnablement dépouillé le porte monnaie maternel, part de son côté, fille ainée remâche une certaine rancœur contre l’avance qu’on lui a extorquée pour réserver les articles convoités, et nous arrivons au grand centre commercial Bourse, où je crois rêver : 172 écrivains dédicacent leurs œuvres ! je voudrais discuter avec chacun d’entre eux, feuilleter tous ces livres, et avoir assez de liquide pour pouvoir acquérir certaines œuvres, je voudrais, je rêverais…. mais nous n’avons plus trop de sous ni de temps, et ma grande fille, raisonnable pour deux, me traine dans une fnac bondée où on se bouscule, où on se perd, où tout est tentation, donc frustration, on en sort, on y revient puis finalement, on s’écroule devant deux jus de fruits délicieux et bien mérités. Retour enfin à la maison dans des transports en commun où les échanges verbaux agressifs éveillent en nous des envies d’intervenir auprès des agressés, mais nous nous tairons lâchement ou prudemment… nous arrivons fourbues à la nuit tombante, mais nous ignorerons encore un peu l’appel doucereux du canapé, car il nous reste à faire des courses alimentaires, dans ce magasin qui, merveille des merveilles vous ouvre ses portes jusqu’à 22  heures ! Allons donc dépenser les gwenecks qui nous encombrent et que nous avions su sauver face à la littérature et ses tentations !

Je suis malgré la fatigue et  mon mal de tête très contente d’avoir partagé cette après midi avec fille et petite fille, je saurai désormais quel est cet enfer délectable (enfer pour les adultes, délices pour les jeunes) qui constitue la toile de fond de mes marseillais.

1 commentaire:

truiss a dit…

Merci pour ce voyage au centre ville de Marseille hihi! J'avais l'impression d'être avec vous et je vous imaginais toutes très bien dans vos rôles respectifs!

Alors ce téléphone? Il téléphone?